Travailler en équipe pour vendre plus de piges ?

Trouver des idées de sujets, des contacts ou de nouvelles collaborations se révèle plus compliqué lorsqu’on travaille seul dans son coin. Former un binôme ou rejoindre un collectif de pigistes peuvent être des solutions à ce problème. Mais elles ne conviennent pas à tout le monde : il faut s’y retrouver financièrement et, surtout, bien s’entendre.

Par Piotr Czarzasty

Rédacteur-rédactrice/photographe est probablement le type de binôme qui fonctionne le mieux dans le métier. Ceux qui l’ont expérimenté sont assez unanimes sur le sujet. « Faire une pige texte/photo tout seul ou avec un photographe n’a rien à voir, remarque Arnaud Aubry, journaliste membre du collectif Le Terrier d’Hégésippe. Seul, vous ne seriez pas en mesure de capturer des moments de vie de votre interlocuteur avec la même authenticité et le même naturel que si vous étiez accompagné d’un photographe. Il faut reconnaître que ce sont deux boulots différents, que vous ne pouvez pas faire correctement en même temps. »

Plus facile de vendre un sujet

« Je trouve qu’il y a une belle complémentarité dans ce type de binôme, ajoute Jérômine Derigny, photographe au sein du collectif Argos. Il y a une richesse de réflexion dont on serait privé en travaillant tout seul. Une fois sur le terrain, chacun fait son métier mais en amont et en aval ce travail d’échange apporte beaucoup », souligne-t-elle. « Et on a plus de chances de vendre un sujet clé en main texte/photo que lorsque la rédaction doit vous trouver un photographe », remarque Arnaud.

« Je préfère travailler seule »

Mais ce qui peut marcher pour la paire photographe/ rédacteur ne fonctionne pas toujours ailleurs. Anaïs Renevier, JRI, a été confrontée à presque tous les cas de figure. « C’est difficile de travailler avec quelqu’un qui n’a pas l’habitude de la télévision et ne connaît pas vos contraintes techniques, reconnaît-elle. Cela arrive souvent que la personne coupe votre interlocuteur au milieu d’une phrase ou rentre subitement dans votre cadre. En général je préfère donc bosser toute seule, avoue-t-elle. Par ailleurs, lorsqu’on propose aux rédactions des projets transmédia, c’est en général mal payé. Ajouter du son ou une vidéo à un papier est presque considéré comme du bénévolat. La pige n’est pas du tout revalorisée. »

Le collectif, une autre dynamique

Outre les binômes, les collectifs de pigistes offrent aussi une belle alternative au travail solitaire. « Tout seul on va plus vite. Ensemble on va plus loin, admet Jérômine. Faire partie d’un collectif permet d’avoir une plus grande crédibilité. Cela impulse une autre dynamique de travail. Je me retrouve investie dans des projets dans lesquels je ne me serais jamais embarquée toute seule. » « Quand on bosse seul on a beaucoup plus de chances de se planter, affirme Mathieu Martiniere, de We Report. Lorsque vous échangez avec les autres sur vos idées, vous gagnez en efficacité. Et puis il y a la question des frais lors des déplacements. Louer une bagnole ou une piaule à quatre revient tout de suite moins cher que tout seul. »

Mais travailler en binôme ou en équipe, c’est comme dans un couple. Pour que cela marche, il faut bien s’entendre.

Cet article a été initialement publié dans le magazine des 48H de la Pige 2018