Focus sur… Divergence images
La plateforme faite par et pour les photographes
Réunir plus d’une centaine de photographes et de photojournalistes au sein d’un réseau national tout en permettant à chacun-e de conserver son indépendance est audacieux. C’est le pari réussi de Divergence Images depuis 2004.
Par Guillaume Bouvy
Divergence Images n’est ni une agence ni un collectif. Il s’agit d’une plateforme destinée à diffuser et promouvoir des reportages et des archives, sur lesquels les photographes gardent intégralement le contrôle et les revenus. Les photographes membres de Divergence travaillent principalement pour des journaux et des magazines, mais aussi pour quelques agences de communication et, parfois, pour des clients institutionnels ou des maisons d’édition.
« Au départ, Divergence Images était très connoté actu et news et beaucoup de photographes travaillaient pour la presse nationale. Avec le temps, les publications se sont diversifiées du côté de la presse magazine. Nous nous inscrivons à 100 % dans un schéma d’autogestion, pour proposer aux photographes la mutualisation d’un outil de diffusion sur Internet », indique Antoine Dumont, président depuis novembre 2017 de l’association. Concrètement, une fois leur candidature acceptée, les postulants et postulantes doivent indexer leurs productions sur l’interface de Divergence Images selon un modèle défini, comportant la date, le lieu, un descriptif et le connoté (mots-clés associés) des prises de vue. Ils et elles disposent également d’un espace portfolio. Cela permet aux rédactions et aux services photographie de pouvoir repérer, télécharger et diffuser les clichés souhaités. Le ou la photographe concerné-e en est alors informé-e et reçoit les coordonnées du client.
Une plateforme de vente des photographies sans commission
« Chaque photographe conserve ses propres tarifs, sa facturation et donc son indépendance », comme l’explique Mathieu Cugnot, membre du conseil d’administration ayant rejoint l’association depuis un peu plus de deux ans : « Le but de Divergence Images est de faire un pied de nez aux canaux traditionnels de diffusion. Avant de rejoindre Divergence, je diffusais mes photos par une agence qui me prenait 50 % de mes ventes et j’avais peu de commandes. Maintenant je travaille en direct avec les journaux. Quitte à être indépendant, autant l’être jusqu’au bout ! »
Décupler sa visibilité
Chaque membre de Divergence Images paie une cotisation de 100 €, ainsi qu’un forfait de 60 € par mois pour être présent-e sur le site de Divergence et celui de PixPalace, plateforme de contenus iconograhiques à destination des médias, qui accroît encore davantage leur visibilité.
Par ailleurs, un forum offre la possibilité à ses membres de débattre de questions en tous genres, dont les tarifs à pratiquer. « Comme pour toute association, les choses changent avec le temps. Au début, Divergence agrégeait les gens rencontrés pour réduire les coûts. Divergence est devenu une structure professionnelle qui ne cesse d’évoluer, par le nombre de photographes qu’elle diffuse et par l’évolution de l’économie numérique qui se développe parfois au détriment du papier en ce qui concerne la photographie dans la presse » souligne son président, Antoine Dumont. Constat partagé par Eugénie Baccot, l’une des onze femmes membres de Divergence Images, au conseil d’administration depuis deux ans et dans la commission recrutement : « Les nouveaux profils qui rentrent à Divergence sont plus variés, même s’il manque encore des photographes travaillant sur des sujets originaux ou des zones géographiques peu couvertes. Les sujets avec une écriture photographique sont aussi à mon sens des sujets à valoriser, tout comme les nouveaux moyens d’expression, dont les diaporamas sonores. »
En janvier, une première rencontre a été initiée à Paris par Mathieu Cugnot pour rapprocher photographes et rédacteurs-rédactrices, puis une autre en mai. Histoire de croiser les points de vue.
A l’origine, Divergence Images s’appelait Fédéphoto, avant de changer de nom en 2012. Cette « fédération de photographes » autogérée comptait initialement sept photographes. Ils sont aujourd’hui 106, affichant 50 217 reportages et un million de photographies. Les photographes de Divergence Images sont en grande partie parisiens, mais toutes les régions sont représentées au sein du groupe. Ils travaillent avec une centaine de journaux, et près de 3000 iconographes sont enregistré-e-s dans leur base de données. Pour les photographes qui voudraient les rejoindre, deux campagnes sont organisées, l’une en mai, l’autre en novembre. Les dossiers comprenant les portfolios sont présélectionnés par une commission de six personnes puis soumis au vote de tous les photographes.
Cet article a été initialement publié dans le magazine des 48H de la Pige 2018