L’éducation aux médias, une nouvelle piste à explorer

Depuis 2015, et plus particulièrement à la suite des attentats contre Charlie Hebdo, l’éducation aux médias et à l’information fait l’objet d’une hausse de financements de la part des pouvoirs publics. Les dépenses engagées par le Ministère de la Culture ont atteint 6 millions d’euros à l’été 2018. Une activité qui a du sens et qui peut devenir une source potentielle de revenus complémentaires pour les pigistes. 

Par Guillaume Bouvy

Qui ?

Tous les journalistes mais aussi les enseignants, animateurs, éducateurs et encadrants peuvent potentiellement proposer de l’éducation aux médias et à l’information. Les pigistes présentent deux avantages : d’une part en tant que professionnels, il connaissent très bien la réalité du métier de journaliste, d’autre part, ils sont souvent plus disponibles et plus flexibles que des journalistes en poste.

Attention toutefois, l’éducation aux médias ne convient pas à tout le monde : la dimension pédagogique n’est pas à négliger, aussi bien dans la préparation d’ateliers et séances que dans le contact avec les publics quels qu’ils soient.

Quoi ?

En France, l’éducation aux médias et à l’information (EMI) est portée depuis 1983 par le CLEMI (Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information), qui vise à « éduquer par les médias », par le biais de partenariats. L’EMI est inscrite dans le code de l’éducation depuis juillet 2013. L’Unesco en a fait l’une de ses priorités en matière d’éducation depuis 2012. L’EMI peut prendre de multiples formes, en faisant appel aux ressources écrites, visuelles, audiovisuelles, numériques, ou par le biais d’échanges, de débats et de conférences. Elle peut donner lieu à des productions, tels qu’un journal, un documentaire sonore ou vidéo, une exposition photo, un blog…

Où ?

L’éducation aux médias peut s’adresser à l’ensemble de la population. Tous les lieux accueillant du public peuvent être mobilisés, des établissements scolaires aux centres sociaux en passant par les médiathèques, maisons de quartier, Ehpad…

Comment ?

C’est bien la partie la plus difficile à résoudre pour les pigistes : trouver des financements. De manière générale, les centres sociaux, socio-culturels, ou encore MJC disposent de budgets pour ce type d’interventions. En revanche, franchir la porte d’un établissement scolaire public sera beaucoup moins aisé. Il faut savoir que des demandes de subventions peuvent être formulées par les enseignants. Pour les écoles, la subvention est à demander à la ville ; pour les collèges, au département ; pour les lycées, à la région. Quant aux établissements scolaires privés, ils sont libres de gérer leur budget, il ne faut pas hésiter à les solliciter directement, soit par le biais d’un enseignant, soit auprès de la direction. Une petite astuce pour vous faire connaître : vous pouvez profiter de la semaine de la presse, organisée depuis 30 ans en mars par le CLEMI, dont il peut d’ailleurs être judicieux de se rapprocher. À noter que durant la semaine de la presse, les interventions sont réalisées à titre bénévole. Vous pouvez également envisager de vous lancer dans une résidence de journalisme, qui présente des avantages (rémunération intéressante, pas de démarchage…) et des inconvénients (se rendre disponible pendant plusieurs mois, la plupart du temps loin de chez vous, avec un risque de perdre sa carte de presse [1] …). Toutes ces démarches demandent sans doute autant d’énergie que l’envoi de synopsis et les relances aux rédactrices et rédacteurs en chef. Il est possible de consulter les appels à candidatures des résidences sur le site du ministère de la culture, ou directement sur les sites des directions d’Action culturelle (Dac) ou directions régionales d’actions culturelles (Drac).

Sur le plan pratique, et quelles que soient les modalités de l’éducation aux médias, le journaliste pigiste devra facturer ses interventions par le biais d’une micro-entreprise, étant donné que l’éducation aux médias n’est pas considérée comme du journalisme. Deuxième cas de figure, il est possible de faire appel à une société de portage salarial, un média ou une association, qui reversera la rémunération sous forme de salaire. Lorsqu’il s’agit d’une association, il est préférable que cette dernière soit en lien avec le projet, voire qu’elle le porte. Contrairement au portage salarial, la solution associative ou celle d’un média peuvent permettre une meilleure coordination, ainsi qu’une réelle cohérence avec le projet. Dernier cas de figure et essentiellement pour les résidences : si aucune de ces solutions ne convient ou n’est possible, un contrat de type saisonnier peut être envisagé par la collectivité où se déroule la résidence.

Pourquoi ?

L’éducation aux médias et à l’information permet de développer le sens critique des citoyens, lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, mais aussi de porter un regard distancié sur son travail de journaliste. Il s’agit d’une démarche citoyenne et démocratique, qui, outre son utilité sociale, peut constituer une source de revenu supplémentaire, plus ou moins régulière.

Cet article a été initialement publié dans le magazine des 48H de la Pige 2019