« Il faut tout oser, y compris des choses qui paraissent difficiles »

Pigiste, ancien président de Profession : Pigiste, il est à l’origine des 48H de la Pige et auteur de « Profession journaliste indépendant » (Éditions Eyrolles), paru en janvier 2017. Thierry Butzbach livre ses conseils et partage son expérience.

Propos recueillis par Guillaume Bouvy

Profession : Pigiste : Comment avez-vous commencé à la pige ? 

Thierry Butzbach : J’ai eu un début de carrière peu conventionnel : j’ai commencé dans le parachutisme, avant de me reconvertir dans le journalisme à 26 ans. Je n’ai pas fait d’école de journalisme, j’ai d’abord commencé par effectuer un stage dans une imprimerie. J’ai ensuite commencé à travailler pour différents magazines, spécialisés dans le parachutisme et l’informatique. A 28 ans, j’ai eu la chance d’être embauché, en tant que chef de rubrique. Et puis en 2001, je suis devenu pigiste, et je le suis resté depuis ! 

P:P : Comment avez-vous rejoint Profession : Pigiste ? 

T.B : J’ai adhéré à l’association en 2006. A l’époque, j’avais fait une formation sur trois jours ayant pour thème mieux vendre ses piges, avec Eric Delon et Severine Charon. J’ai été trésorier de l’association pendant deux ans, et en 2010 j’ai lancé l’idée de faire un apéro entre pigistes à l’échelle nationale, en changeant chaque année de ville. 

P:P : Que retrouve-t-on dans votre livre ? 

T.B : Le livre se compose de quatre grandes parties : les statuts, l’état de la presse, les droits, et enfin les devoirs, assortis de conseils et aspects pratiques. D’une certaine façon, « Profession journaliste indépendant » s’inscrit dans le prolongement du « Guide de la pige » (de Xavier Cazard et Pascale Nobecourt, éditions Entrecom), qui n’a pas été mis à jour depuis 2012. Sur l’état de la presse, c’est assez ambivalent, d’un côté le secteur va très mal, et il est de plus en plus fréquent d’avoir une ou deux grosses piges et des petites à la marge, ce qui morcelle les salaires. De l’autre côté, il existe plein d’opportunités insoupçonnées. Il ne faut pas désespérer. 

P:P : Quels conseils pourriez-vous donner ? 

T.B : Il faut mutualiser les compétences, aller traîner dans les rédactions, y compris parisiennes. Il est très important d’apprendre à gérer son temps et son budget. Sur ce point, lorsqu’on commence, un matelas financier est vivement recommandé, autrement dit d’avoir entre 2000 et 3000 euros de fonds de roulement. L’autre conseil que je peux donner est de ne pas travailler qu’avec des mensuels, afin d’avoir des salaires plus réguliers, même s’ils sont plus bas. 

P:P : Le thème de cette édition est « les pigistes ont du talent », qu’en pensez-vous ?

T.B : Je pense que les pigistes ont plus de talents que les journalistes en poste, car il sont plus adaptables, plus souples, plus productifs et sont plus portés sur l’originalité des sujets. Il faut tout oser y compris des choses qui paraissent difficiles et ne pas hésiter à se prendre des claques. Le talent consiste aussi à mettre l’énergie qu’on a envie de mettre et prendre des risques pour satisfaire la liberté d’entreprendre que nous avons. 

Cet article a été initialement publié dans le magazine des 48H de la Pige 2017