Chômage et pige – le fil d’actualité de PP

Cette page recensera désormais toutes les actualités liées aux réformes, ainsi que les infos les plus récentes sur le sujet du chômage pour les journalistes pigistes. Pour une explication détaillée du sujet, connectez-vous sur l’espace adhérent du site et suivez ce lien. N’hésitez pas à consulter également les contenus réalisés par France Travail :

Comment obtenir le chômage quand on est pigiste : https://www.francetravail.fr/candidat/mes-droits-aux-aides-et-allocati/a-chaque-situation-son-allocatio/quel-est-mon-metier-mon-secteur/je-suis-journaliste—pigiste.html

Comment déclarer ses piges à France Travail : https://www.francetravail.fr/candidat/vos-droits-et-demarches/vos-changements-de-situation/journalistes-pigistes-ce-quil-fa.html

Comment estimer son allocation : https://monallocation.francetravail.fr/

AGENDA : La prochaine visio FAQ se déroulera le 29 avril 2025 en soirée, avec les trois syndicats et PP, pour répondre à vos questions ! Horaire et lien d’inscription à venir.

2025 : une agence spécialisée pour l’indemnisation des pigistes

C’est quoi cette agence ?

Présentée aux syndicats et à Profession : Pigiste fin 2024, la nouvelle agence spécialisée « techniciens et journalistes » localisée à Saint-Denis (93) prend en charge, depuis le 1er janvier 2025, l’ensemble des dossiers d’indemnisation des journalistes de toute la France, pigistes compris.

Enfin… pas tout à fait : seuls les journalistes disposant de la carte de presse et ayant ouvert des droits majoritairement à partir de contrats terminés et de leurs piges conservées sont concernés. Par exemple, si vous avez ouvert des droits anciens après un CDD ou une rupture de CDI en poste, vous restez suivis podans votre agence locale.

En revanche, l’agence de Saint-Denis prend en charge la partie insertion et recherche d’emploi pour l’ensemble des journalistes d’Île-de-France. Quelle que soit votre agence, les conditions d’ouverture des droits restent les mêmes.

Quels sont les moyens de cette agence ?

Selon France Travail, une douzaine de personnes travaillent dans cette agence. Six (bientôt sept) conseillers s’occupent de l’indemnisation de 3 800 journalistes (données fin mars 2025) et quatre autres prennent en charge la partie accompagnement à la recherche d’emploi pour 2 600 pigistes d’Île-de-France. Si la direction de France Travail convient de difficultés et délais de traitement, c’est selon elle dû à la régularisation de dossiers entamée depuis le début de l’année 2025 et qui devrait prendre fin d’ici quelques semaines.

Bulletins à 0 euro, employeur en double, décalage systématique de déclaration : je fais quoi ?

L’échange avec France Travail a confirmé le fait que de nombreuses erreurs viennent d’un mauvais remplissage (volontaire ou non) par les employeurs des données relatives aux personnes salariées dans leur entreprise chaque fin de mois. On appelle ça la DSN, déclaration sociale nominative. Depuis un an, les éléments de ce document sont transmis automatiquement, y compris à France Travail. Ce qui explique notamment les erreurs systématiques de décalage de déclaration entre le mois travaillé et le mois de paie. France Travail nous a annoncé entamer un travail de sensibilisation et de pédagogie pour que les service de paie sachent mieux utiliser cet outil, qui était censé faciliter le travail de chacun.

Si vous avez un bulletin à zéro euro : le problème se pose si l’employeur a mentionné un nombre d’heures (151h) en plus d’indiquer un montant nul – c’est là que se créée le « bug » qui entraîne une demande de justificatif de la part de France Travail.

Si un employeur apparaît en double dans votre actualisation, ça signifie que votre employeur vous a déclaré à la fois en CDI et en CDD, ce qui est évidemment illégal. Dans ce cas, les équipes de France Travail doivent manuellement « re-fusionner » les contrats, avec un risque d’erreur sur la date de début de contrat. Il serait précieux de nous faire remonter les employeurs dans cette situation afin de les signaler à France Travail et d’anticiper les blocages.

Si vous avez un décalage systématique entre le mois indiqué sur votre bulletin de salaire et celui qui apparaît dans l’actualisation, n’hésitez pas à informer votre conseiller indemnisation mais aussi un syndicat de l’entreprise, afin de savoir si c’est une situation isolée ou un problème rencontré par tous les pigistes.

J’enchaîne depuis des mois les trop-perçus, d’un montant ridicule/exorbitant, pourquoi ?

L’essentiel des trop-perçus sont dus à des erreurs de saisie – soit côté employeur, soit côté France Travail – qui doivent être rectifiées manuellement par un conseiller. On vous rappelle que la première chose à faire en cas de difficulté, c’est d’appeler le 3949 (en précisant bien que vous êtes journaliste pigiste), puis d’envoyer un mail à votre conseiller. Si vous êtes rattaché à la nouvelle agence de Saint-Denis et que vous vivez en Île-de-France, vous pouvez vous rendre sur place (4-6 rue ampère, 93200 Saint-Denis). La grande majorité des problèmes se débloquent en quelques heures de cette manière.

Mon conseiller ne répond pas malgré de multiples relances, mon allocation est bloquée depuis plusieurs mois : je fais quoi ?

Si toutefois vous n’obtenez pas de réponse ou que le blocage persiste depuis plusieurs semaines, signalez-vous à un syndicat ou à Profession : Pigiste (pour nous, ce sera via l’adresse info@pigiste.org) en expliquant précisément la situation. Si l’erreur est bien côté France Travail, nous ferons remonter à la responsable de l’agence. Nous avons déjà pu débloquer plusieurs dossiers complexes de cette manière.

Ça se passe bien avec mon conseiller, donc je ne veux pas être rattaché à la nouvelle agence !

France Travail ne laisse pas le choix de l’affectation. Le fait d’être à Saint-Denis ou dans son agence locale dépend de la part qu’ont pris les piges dans les salaires pris en compte au moment de l’ouverture des droits. Tant que les droits sont ouverts pour d’autres contrats, vous restez dans votre agence actuelle. Ce sera au moment du rechargement des droits que France Travail évaluera si vous êtes bien dans la bonne agence.


Et sinon, les réformes, c’en est où ? (Màj du 11 avril 2025)

Ce n’est pas une blague : depuis le 1er avril, plusieurs changements font perdre encore un peu plus de droits aux allocataires. Ces économies sont le résultat de la dernière négociation patronat/syndicats, menée fin 2024 sous une très forte pression du gouvernement. Changement principal : vos droits sont calculés sur 30 jours tous les mois de l’année, quel que soit le mois. Ce qui entraîne la perte de cinq jours d’indemnisation sur l’année.

L’autre changement concerne les salariés entre 53 et 55 ans, qui bénéficiaient jusqu’ici d’un rallongement de la durée d’indemnisation. Dans la foulée du recul de l’âge de la retraite, la nouvelle convention supprime cet avantage. Le rallongement de la durée pour les salariés en fin de carrière ne commence désormais qu’à 55 ans.

La seule (maigre) avancée concerne les travailleurs saisonniers, dont la durée minimale d’activité pour ouvrir des droits était fixée à six mois travaillés. Une durée difficile à atteindre pour beaucoup, contribuant à largement freiner l’attrait de ces métiers difficiles et une pénurie de main-d’œuvre les étés précédents. La partenaires sociaux ont convenu que les droits pourraient désormais être ouverts à partir de cinq mois travaillés – mais attention, cela s’applique seulement aux contrats saisonniers !

Pour en savoir plus sur le fonctionnement de l’assurance-chômage pour les pigistes et les cas particuliers, rendez-vous dans Espace membre > Aller plus loin > Pigiste et Pôle Emploi : le tuto sympa
https://pigiste.org/compterendu/pigistes-et-pole-emploi-le-tuto-sympa/


Réformes : comment en est-on arrivé là ?

1/ Une loi d’urgence votée en décembre 2022

Les mains libres pour l’Etat, qui peut fixer les règles par décret jusqu’au 31 décembre 2023. La poursuite d’une dynamique de long terme de reprise en main de l’assurance-chômage (paritaire à l’origine) par l’Etat, et donc plus facilement soumise aux aléas budgétaires et aux volontés idéologiques.

L’abandon de poste est désormais considéré comme une démission. Si vous avez un « motif légitime » (santé ou sécurité menacée, par exemple), vous disposez d’un délai maximum d’un mois pour saisir les prud’hommes. Rappel : la démission vous prive des droits au chômage.

2/ Un décret qui supprime un quart des nouvelles allocations

Un décret entré en vigueur le 1er février 2023 fait naître la contracyclicité des droits. L’idée est de durcir les règles d’indemnisation lorsque la situation économique est réputée « bonne » et revenir aux règles antérieures quand la situation se dégrade. A priori idéologique : « Si le taux de chômage baisse, il est plus facile d’obtenir un emploi ». Sauf que :

  • Le chômage longe durée est le plus dur à faire baisser
  • La situation économique du pays est souvent différente de celle des bassins d’emplois
  • Les offres disponibles ne correspondent pas toujours à nos formations
  • On ne choisit pas de rester au chômage, on subit cette situation

Seuil du feu vert (pour réduire les droits) : chômage inférieur à 9% ou baisse du chômage pendant 3 trimestres consécutifs. Rappel du taux de chômage en 2022 : 7,3 %.

Piège : les règles font mécaniquement diminuer le nombre de chômeurs indemnisés – et donc l’intérêt d’être d’inscrit – ce qui rend improbable (sauf crise exceptionnelle) tout retour aux règles antérieures…

C’est d’ailleurs l’objectif clair de la réforme : 4 milliards d’économie et pousser les chômeurs à remplir les postes vacants dans certains secteurs en tension. L’Unedic projette une baisse de 12% du nombre de chômeurs indemnisés.

Conséquence immédiate, une baisse de 25% des droits ouverts à partir du 1er février 2023 :

  • Les règles ne sont pas rétroactives
  • Elles ne s’appliquent pas aux intermittents
  • La durée minimale d’indemnisation est toujours de 6 mois (pour 6 mois travaillés)

Exemple : si vous avez travaillé deux ans à plein temps, la durée d’indemnisation sera de 18 mois (un an et 6 mois) et non plus de deux ans, pour un montant équivalent. Financièrement, pour un chômage à 1 000 €, cela vous ampute de 6 000 € de vos droits (sur 24 000 € au total).

Précision : la réforme s’applique aux contrats de travail qui se sont terminés après le 1er février 2023. Théoriquement, selon le texte du décret, si vous avez rompu votre dernier contrat de travail avant le 1er février et que vous déposez votre demande de droits après, ce sont les anciennes règles qui s’appliquent. Sachant que la formation des agents débute tout juste sur ces changements, il faut se préparer à devoir batailler si l’agent de Pôle Emploi vous impose les nouvelles règles.

Et la retraite ?

  • Les périodes de chômage indemnisées comptent toujours comme des trimestres pour la retraite
  • Un trimestre = 50 jours d’indemnisation
  • En revanche, ces périodes n’apportent aucun montant supplémentaire dans le relevé de carrière
  • Si on a été indemnisé, les périodes d’inscription au chômage non indemnisé continuent d’être comptées comme des trimestres dans la limite d’un an supplémentaire

3/ Pour mémoire : la précédente réforme : décembre 2021

Pour pouvoir prétendre à une allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) qui est un revenu de remplacement pour activité perdue, il faut avoir travaillé 130 jours ou 910 heures (soit 6 mois) dans les 24 derniers mois à compter de la date de fin du dernier contrat (contre 4 mois dans les 28 derniers mois pour la précédente convention d’assurance chômage). Piges et CDD peuvent se cumuler pour atteindre le minimum requis des 6 mois d’activité.

Exemple : 
– un CDD de 3 mois compte pour trois mois (!), 
– une pige compte pour un mois, quelque soit son montant, 
– 3 piges réglées le même mois compte pour 1 seul mois, 
– 3 trois piges réglées à la fin de 3 mois différents comptent pour 3 mois. 

A partir du 1er décembre 2021, le mode de calcul de l’ARE est modifié, avec un impact négatif pour tous les salariés, qu’ils soient pigistes ou pas. Avant la réforme, le SJR était égal au total des sommes perçues divisés par les jours travaillés. Avec la réforme, le total des sommes reçues sera divisé par une période plus large incluant une part de jours non travaillés.

Exemple simplifié : un journaliste a gagné 6000 euros de revenus sur 6 mois, en deux CDD de 3 mois séparés par 1 mois sans activité. Soit 6 mois d’activité sur une période de 7 mois, ce qui lui permet d’ouvrir des droits.

Avant la réforme, son SJR était calculé en divisant 6000 par 180 jours (6 mois), soit un SJR égal à 33 euros environ. Après la réforme, son  SJR est calculé en divisant 6000 par 210 jours (7 mois), soit un SJR égal à 28 euros environ. 

Sollicité par les syndicats, le Conseil d’Etat a retoqué la réforme dans sa version initiale. La réforme a donc été amendée pour exclure du calcul de la période totale et des jours non -travaillés : congé maternité, congé paternité, arrêt maladie de plus de quinze jours consécutifs, accidents du travail, maladie professionnelle, formation professionnelle, dispositif de reconversion.

Ces période neutralisée, la réforme de 2021 prévoit un plafonnement des jours non travaillés restants à 75 % des jours travaillés. Pour faire simple, en travaillant dix jours sur un mois de 30, pôle ne prendre en compte que 7,5 jours non travaillés. Au lieu de calculer l’allocation moyenne sur 30 jours, Pole Emploi ne prend en compte que 10 + 7,5 = 17,5 jours. Mais attention, ce calcul s’effectue sur l’ensemble de la période de référence de 24 mois avant la fin du dernier contrat de travail, pas à l’échelle du mois

Selon les chiffres de l’UNEDIC publiés fin 2022, cette réforme a entrainé une baisse moyenne de 16 % des allocations journalières moyennes avec un allongement de trois mois en moyenne de la période indemnisée qui passe de 15 à 18 mois.

https://www.unedic.org/publications/evolutions-reglementaires-de-lassurance-chomage-1990-2022