Chômage et pige – le fil d’actualité de PP

(Dernière mise à jour : 25 juin 2025)

Cette page recensera désormais toutes les actualités liées aux réformes, ainsi que les infos les plus récentes sur le sujet du chômage pour les journalistes pigistes. Pour une explication détaillée du sujet, connectez-vous sur l’espace adhérent du site et suivez ce lien. N’hésitez pas à consulter également les contenus réalisés par France Travail :

Comment obtenir le chômage quand on est pigiste : https://www.francetravail.fr/candidat/mes-droits-aux-aides-et-allocati/a-chaque-situation-son-allocatio/quel-est-mon-metier-mon-secteur/je-suis-journaliste—pigiste.html

Comment déclarer ses piges à France Travail : https://www.francetravail.fr/candidat/vos-droits-et-demarches/vos-changements-de-situation/journalistes-pigistes-ce-quil-fa.html

Comment estimer son allocation : https://monallocation.francetravail.fr/

A VENIR : pour les adhérents à Profession : Pigiste, le replay du webinaire « FAQ France Travail » sera bientôt disponible avec les supports associés !

2025 : une agence spécialisée pour l’indemnisation des pigistes

C’est quoi cette agence ?

Présentée aux syndicats et à Profession : Pigiste fin 2024, la nouvelle agence spécialisée « techniciens et journalistes » localisée à Saint-Denis (93) prend en charge, depuis le 1er janvier 2025, l’indemnisation des journalistes relevant de l’annexe 1. Cette annexe précise les conditions d’indemnisation des journalistes qui ne sont ne sont pas rémunérés à l’heure, notamment la plupart des pigistes. L’agence de Saint-Denis prend en parallèle en charge la partie insertion et recherche d’emploi pour l’ensemble des journalistes d’Île-de-France. Quelle que soit votre agence, les conditions d’ouverture des droits restent les mêmes.

Quels sont les moyens de cette agence ?

Selon France Travail, une douzaine de personnes travaillent dans cette agence. Depuis fin avril, le nombre de conseillers indemnisation est passé de quatre à six pour l’indemnisation de 3 700 journalistes (données fin juin 2025) et quatre autres prennent en charge la partie accompagnement à la recherche d’emploi pour 2 600 personnes d’Île-de-France. Si la direction de France Travail convient de difficultés et délais de traitement (fin juin, de plusieurs semaines à un mois pour les mails), elle les impute à la régularisation de dossiers entamée depuis le début de l’année 2025. Cela commence à se résorber depuis le renforcement des équipes en avril mais le retard est important.

J’ai un problème (trop perçu, alloc non versée) : je fais quoi ?

  1. Vérifier déjà si l’on a bien compris et identifier la source du problème (France Travail/l’employeur/soi-même,/les trois). Relire les supports de France Travail dédiés aux pigistes. Est ce que le trop perçu est justifié ? Est-ce que j’ai oublié un document ?
  2. Si vous estimez que l’erreur est due à France Travail, appeler au 39 49 et d’indiquer votre « identifiant France Travail ». Il s’agit du numéro en haut de votre espace personnel, avec 13 chiffres sans aucune lettre. Si vous utilisez l’ancien, cela risque de causer des erreurs d’aiguillage au standard téléphonique ;
  3. Envoyer un mail et un seul. Il ne sert à rien de relancer chaque heure ou chaque jour. Au contraire, cela créée une procédure de plus, rajoute du travail aux agents FT et retarde le traitement des dossiers. Un mail suffit. Si vous avez déjà envoyé le courrier pour contester un trop-perçu ;
  4. Si pas de réponse au bout d’une semaine ou en cas d’urgence, au bout de quelques jours après le premier appel et le mail, rappeler le 39 49.
  5. En dernier recours, si vous êtes dans une situation critique ou un blocage persistant depuis plusieurs semaines, contactez l’organisation de votre choix : SNJ, SNJ-CGT, CFDT Journalistes ou Profession : Pigiste : info AT pigiste POINT org. Nous sommes en lien direct avec la direction indemnisation pour débloquer au cas par cas certains dossiers. Dans votre mail, dites nous quel est le problème, quelle est l’agence de rattachement, le nom de votre conseiller indemnisation et votre identifiant France Travail. Généralement, les cas sont résolus en quelques jours.
  6. Je pensais mon problème résolu au téléphone mais je reçois quelques jours après un courrier postal/numérique me disant qu’en fait non ? Les envoi de courrier sont souvent automatisé. Prenez en compte ce qui vous est dit lors de la dernière interaction directe (tel/mail) avec un conseiller France Travail. Ce qui fait foi est l’état des paiements figurant sur votre espace personnel actualisé au max le lendemain de votre échange.

Actualisation /suivi : comment éviter de devenu dingo

Depuis plus de deux ans que nous avons entamé les échanges avec France Travail, nous nous rendons compte qu’au delà des erreurs de saisie de France Travail, une très grande part des problèmes rencontrés par les pigistes proviennent des employeurs eux-mêmes dans la manière dont ils déclarent nos salaires aux administrations chaque fin de mois. On appelle ça la DSN, déclaration sociale nominative. Un formulaire pour tous les salariés qui sert notamment au paiement des cotisations sociales, déclaration d’embauche, etc ..

Depuis un an, les éléments de ce document sont plus systématiquement transmis numériquement et automatiquement, y compris à France Travail. Ce changement rend plus visible par France Travail qu’avant les erreurs faites par les employeurs notamment en cas de décalage de déclaration entre le mois travaillé et le mois de paie. Cela se retrouve notamment au moment de l’actualisation mensuelle. Un travail est lancé côté France Travail pour que les employeurs, et notamment les service comptables remplissent mieux les données chaque mois pour limiter les problèmes. D’ici là, voilà la marche à suivre.

Je n’ai pas pigé pour un employeur mais il s’affiche quand même : vous pouvez sans crainte le supprimer de votre actualisation. SI vous n’y parvenez pas (quand il est sur un arrière plan vert), dans ce cas inscrivez 0 euro et 1heure (car la case ne peut etre vide) et envoyez un mail court pour signaler à votre conseiller que vous n’avez pas de pige ce mois-ci.

J’ai un employeur qui apparait en double : cela signifie que vous avez été comme embauché « deux fois », la première, la véritable, c’est l’embauche en CDI au début de vos piges, la seconde (et les suivantes) reviendrait à vous avoir fait signer un CDD à chaque pige. A moins que vous ayez bien un vrai contrat de travail à durée déterminée ou un avenant signé, c’est évidemment illégal. C’est important que vous fassiez remonter aux organisations syndicales dans ce type d’entreprise ce genre de situation. Pour vous actualiser, supprimez si vous le pouvez le doublon le plus récent (le faux CDD) et complétez le plus ancien (le CDI de pige) avec le montant brut des piges inscrit en haut de la fiche de paie.

J‘ai un bulletin à zéro euro : comme au dessus, supprimez cet employeur de la liste au moment de l’actualisation et faites remonter l’info au conseiller en indiquant le nom de l’entreprise concernée et que vous êtes toujours pigiste pour eux mais n’avez pas de rémunération ce mois-ci. N’hésitez pas à dire aux employeurs de ne pas le faire.

J’ai un décalage systématique entre le mois de mon bulletin de salaire / ma paie et le moment où je suis déclaré.e par l’employeur ? Nous n’avons pour l’instant pas de solution autre que de signaler en amont à votre conseiller ce problème, en faisant remonter le nom de l’employeur pour qu’un contact soit pris par France Travail avec eux. Une dizaine ont déjà été identifiés.

Si un employeur apparaît en double dans votre actualisation, ça signifie que votre employeur vous a déclaré à la fois en CDI et en CDD, ce qui est évidemment illégal. Dans ce cas, les équipes de France Travail doivent manuellement « re-fusionner » les contrats, avec un risque d’erreur sur la date de début de contrat. Il serait précieux de nous faire remonter les employeurs dans cette situation afin de les signaler à France Travail et d’anticiper les blocages.

Ça se passe bien avec mon conseiller, donc je ne veux pas être rattaché à la nouvelle agence ! France Travail ne laisse pas le choix de l’affectation. Le fait d’être à Saint-Denis ou dans son agence locale dépend de la part qu’ont pris les piges dans les salaires pris en compte au moment de l’ouverture des droits. Ce sera au moment du rechargement des droits que France Travail vous basculera. Si vous cessez d’être indemnisé, êtes toujours inscrit et que vous ne résidez pas en Île-de-France, à ce moment-là vous retournerez en agence locale.

Je n’arrive plus du tout à savoir qui m’a déclaré comment !! je suis perdu.e : une fonction de l’espace personnel France Travail permet de retracer le statut » des collaborations sur les deux dernières années. Cela vous permet en quelques clics de voir qui vous considère en pige (en CDI) et qui vous déclare en CDD/CDDU.

Mon employeur cesse la collaboration et me propose un Contrat de Sécurisation Professionnelle (CSP). Est-ce que j’ai intérêt ou non à le signer ?

Le CSP offre des prestations avantageuses mais implique, pour le droit commun, de renoncer à travailler en CDI durant ces mois d’accompagnement. Mais, et c’est une bonne nouvelle pour les pigistes, après vérification avec le service indemnisation, ce n’est pas le cas si en parallèle du contrat rompu, qui a donné lieu au CSP, vous aviez déjà au moins une autre activité ouverte en pige et conservée ensuite. Dans ce cas-là, vous pourrez à la fois avoir le CSP et vos rémunérations de pige. En revanche, si vous n’aviez qu’un seul contrat ouvert, et que vous voulez vous lancer dans la pige, le CSP sera suspendue dès lors que vous aurez votre première pige.

France Travail m’envoie des offres d’emploi de boucher ou d’agent de sécurité, ils savent pas ce qu’est un journaliste ? On comprend ton agacement, mais rassure-toi, énormément de demandeurs d’emploi reçoivent des offres à côté de la plaque, et ces mails viennent directement de France Travail national, en fonction des secteurs qui recrutent, sans lien avec l’agence spécialisée. Ignore ces offres sans problème et n’hésite pas à contacter si tu es en Ile-de-France le conseiller dédié qui à défaut d’offres d’emploi qui restent rares, dispose de budgets pour des bilans de compétences et de la formation pro.

Et sinon, les réformes, c’en est où ? (Màj du 11 avril 2025)

Depuis le 1er avril, plusieurs changements font perdre encore un peu plus de droits aux allocataires. Ces économies sont le résultat de la dernière négociation patronat/syndicats, menée fin 2024 sous une très forte pression du gouvernement. Changement principal : vos droits sont calculés sur 30 jours tous les mois de l’année, quel que soit le mois. Ce qui entraîne la perte de cinq jours d’indemnisation sur l’année.

L’autre changement concerne les salariés entre 53 et 55 ans, qui bénéficiaient jusqu’ici d’un rallongement de la durée d’indemnisation. Dans la foulée du recul de l’âge de la retraite, la nouvelle convention supprime cet avantage. Le rallongement de la durée pour les salariés en fin de carrière ne commence désormais qu’à 55 ans.

La seule (maigre) avancée concerne les travailleurs saisonniers, dont la durée minimale d’activité pour ouvrir des droits était fixée à six mois travaillés. Une durée difficile à atteindre pour beaucoup, contribuant à largement freiner l’attrait de ces métiers difficiles et une pénurie de main-d’œuvre les étés précédents. La partenaires sociaux ont convenu que les droits pourraient désormais être ouverts à partir de cinq mois travaillés – mais attention, cela s’applique seulement aux contrats saisonniers !

Pour en savoir plus sur le fonctionnement de l’assurance-chômage pour les pigistes et les cas particuliers, rendez-vous dans Espace membre > Aller plus loin > Pigiste et Pôle Emploi : le tuto sympa
https://pigiste.org/compterendu/pigistes-et-pole-emploi-le-tuto-sympa/


Réformes : comment en est-on arrivé là ?

1/ Une loi d’urgence votée en décembre 2022

Les mains libres pour l’Etat, qui peut fixer les règles par décret jusqu’au 31 décembre 2023. La poursuite d’une dynamique de long terme de reprise en main de l’assurance-chômage (paritaire à l’origine) par l’Etat, et donc plus facilement soumise aux aléas budgétaires et aux volontés idéologiques.

L’abandon de poste est désormais considéré comme une démission. Si vous avez un « motif légitime » (santé ou sécurité menacée, par exemple), vous disposez d’un délai maximum d’un mois pour saisir les prud’hommes. Rappel : la démission vous prive des droits au chômage.

2/ Un décret qui supprime un quart des nouvelles allocations

Un décret entré en vigueur le 1er février 2023 fait naître la contracyclicité des droits. L’idée est de durcir les règles d’indemnisation lorsque la situation économique est réputée « bonne » et revenir aux règles antérieures quand la situation se dégrade. A priori idéologique : « Si le taux de chômage baisse, il est plus facile d’obtenir un emploi ». Sauf que :

  • Le chômage longe durée est le plus dur à faire baisser
  • La situation économique du pays est souvent différente de celle des bassins d’emplois
  • Les offres disponibles ne correspondent pas toujours à nos formations
  • On ne choisit pas de rester au chômage, on subit cette situation

Seuil du feu vert (pour réduire les droits) : chômage inférieur à 9% ou baisse du chômage pendant 3 trimestres consécutifs. Rappel du taux de chômage en 2022 : 7,3 %.

Piège : les règles font mécaniquement diminuer le nombre de chômeurs indemnisés – et donc l’intérêt d’être d’inscrit – ce qui rend improbable (sauf crise exceptionnelle) tout retour aux règles antérieures…

C’est d’ailleurs l’objectif clair de la réforme : 4 milliards d’économie et pousser les chômeurs à remplir les postes vacants dans certains secteurs en tension. L’Unedic projette une baisse de 12% du nombre de chômeurs indemnisés.

Conséquence immédiate, une baisse de 25% des droits ouverts à partir du 1er février 2023 :

  • Les règles ne sont pas rétroactives
  • Elles ne s’appliquent pas aux intermittents
  • La durée minimale d’indemnisation est toujours de 6 mois (pour 6 mois travaillés)

Exemple : si vous avez travaillé deux ans à plein temps, la durée d’indemnisation sera de 18 mois (un an et 6 mois) et non plus de deux ans, pour un montant équivalent. Financièrement, pour un chômage à 1 000 €, cela vous ampute de 6 000 € de vos droits (sur 24 000 € au total).

Précision : la réforme s’applique aux contrats de travail qui se sont terminés après le 1er février 2023. Théoriquement, selon le texte du décret, si vous avez rompu votre dernier contrat de travail avant le 1er février et que vous déposez votre demande de droits après, ce sont les anciennes règles qui s’appliquent. Sachant que la formation des agents débute tout juste sur ces changements, il faut se préparer à devoir batailler si l’agent de Pôle Emploi vous impose les nouvelles règles.

Et la retraite ?

  • Les périodes de chômage indemnisées comptent toujours comme des trimestres pour la retraite
  • Un trimestre = 50 jours d’indemnisation
  • En revanche, ces périodes n’apportent aucun montant supplémentaire dans le relevé de carrière
  • Si on a été indemnisé, les périodes d’inscription au chômage non indemnisé continuent d’être comptées comme des trimestres dans la limite d’un an supplémentaire

3/ Pour mémoire : la précédente réforme : décembre 2021

Pour pouvoir prétendre à une allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) qui est un revenu de remplacement pour activité perdue, il faut avoir travaillé 130 jours ou 910 heures (soit 6 mois) dans les 24 derniers mois à compter de la date de fin du dernier contrat (contre 4 mois dans les 28 derniers mois pour la précédente convention d’assurance chômage). Piges et CDD peuvent se cumuler pour atteindre le minimum requis des 6 mois d’activité.

Exemple : 
– un CDD de 3 mois compte pour trois mois (!), 
– une pige compte pour un mois, quelque soit son montant, 
– 3 piges réglées le même mois compte pour 1 seul mois, 
– 3 trois piges réglées à la fin de 3 mois différents comptent pour 3 mois. 

A partir du 1er décembre 2021, le mode de calcul de l’ARE est modifié, avec un impact négatif pour tous les salariés, qu’ils soient pigistes ou pas. Avant la réforme, le SJR était égal au total des sommes perçues divisés par les jours travaillés. Avec la réforme, le total des sommes reçues sera divisé par une période plus large incluant une part de jours non travaillés.

Exemple simplifié : un journaliste a gagné 6000 euros de revenus sur 6 mois, en deux CDD de 3 mois séparés par 1 mois sans activité. Soit 6 mois d’activité sur une période de 7 mois, ce qui lui permet d’ouvrir des droits.

Avant la réforme, son SJR était calculé en divisant 6000 par 180 jours (6 mois), soit un SJR égal à 33 euros environ. Après la réforme, son  SJR est calculé en divisant 6000 par 210 jours (7 mois), soit un SJR égal à 28 euros environ. 

Sollicité par les syndicats, le Conseil d’Etat a retoqué la réforme dans sa version initiale. La réforme a donc été amendée pour exclure du calcul de la période totale et des jours non -travaillés : congé maternité, congé paternité, arrêt maladie de plus de quinze jours consécutifs, accidents du travail, maladie professionnelle, formation professionnelle, dispositif de reconversion.

Ces période neutralisée, la réforme de 2021 prévoit un plafonnement des jours non travaillés restants à 75 % des jours travaillés. Pour faire simple, en travaillant dix jours sur un mois de 30, pôle ne prendre en compte que 7,5 jours non travaillés. Au lieu de calculer l’allocation moyenne sur 30 jours, Pole Emploi ne prend en compte que 10 + 7,5 = 17,5 jours. Mais attention, ce calcul s’effectue sur l’ensemble de la période de référence de 24 mois avant la fin du dernier contrat de travail, pas à l’échelle du mois

Selon les chiffres de l’UNEDIC publiés fin 2022, cette réforme a entrainé une baisse moyenne de 16 % des allocations journalières moyennes avec un allongement de trois mois en moyenne de la période indemnisée qui passe de 15 à 18 mois.

https://www.unedic.org/publications/evolutions-reglementaires-de-lassurance-chomage-1990-2022