Participation à la Conférence nationale des métiers du journalisme 2019

En janvier 2019, Profession : Pigiste était conviée à la 9e Conférence Nationale des métiers du journalisme. Cette instance « de dialogue et de propositions », fondée en 2010, se présente comme une « boîte à idées ». Elle rassemble, sous un statut associatif, les 14 écoles de journalisme reconnues par la profession, des professionnels impliqués dans la formation et dans les instances représentatives du métier, les pouvoirs publics (Enseignement supérieur et Recherche, Culture et Communication, Emploi), des chercheurs et des personnalités qualifiées.

Nous avons vu dans cette invitation le signe que nous avons été repérés comme un partenaire constructif et incontournable. Une adhérente de longue date, Anne Bideault, a été désignée volontaire pour nous y représenter : il fallait saisir l’occasion de faire entendre notre voix aux patrons de presse présents.

« Les journalistes doivent-ils innover ? » Telle était la question – rhétorique ?- autour de laquelle s’organisait cette journée d’échanges. Plus précisément, nous devions nous exprimer sur le lien entre innovation et formation continue, lors d’une table ronde qui réunissait l’AFDAS, le DG du groupe Télégramme, une journaliste en poste aux Dernières nouvelles d’Alsace, une consultante en innovation et… nous.

Autant dire qu’Anne a surtout déploré que les pigistes soient presque toujours oubliés dans les plans de formation des entreprises de presse, alors même qu’ils cotisent pour cela, au même titre que tous les autres salariés. Les chiffres de l’AFDAS le soulignent : sur 5 422 journalistes formés en 2017, il n’y a que 153 journalistes pigistes, moins de 3 %. Ce qui ne signifie pas qu’ils « stagnent » dans leur pratique, mais plutôt qu’ils ne bénéficient que trop rarement des circuits de formation officiels, échappent aux radars et s’auto-forment beaucoup. 

Cette table ronde a été l’occasion de pointer du doigt un paradoxe : les rédactions attendent de nous du sang frais, un autre regard, de l’innovation : « Viens avec des idées neuves, étonne-moi, surprends-moi ». Sauf que cette innovation, l’employeur n’est pas prêt à la financer, n’hésitant pas à renvoyer le pigiste à sa « responsabilité » : « Ce serait bien que tu te formes aux podcasts ». Or il y a déjà tout une part de notre travail qui n’est pas rémunérée : la veille documentaire, les pré-enquêtes pour proposer des sujets, etc.

Nous revendiquons donc nos droits, à savoir de bénéficier des formations au même titre que nos confrères et consœurs en poste. Les applaudissements qui ont ponctué nos prises de parole nous laissent espérer que le message a été entendu… A nous aussi de nous saisir des dispositifs existants et de demander des formations aux rédactions pour lesquelles nous travaillons !